Compte-rendu de fin d'année 2013 (Présenté au Proviseur du lycée dans lequel j'exerçais comme bénévole)

Commentaires concernant l'aide aux devoirs dans toutes les disciplines des secondes aux classes terminales (85 internes)

Les élèves sont demandeurs, m'approchent volontairement, ce qui change tout par rapport au cours frontal traditionnel. Cela permet des connexions bien plus fructueuses. Et le contact direct permet à tout moment d'ouvrir les yeux, d'encourager, de montrer de la considération pour les efforts évidents. Les élèves demandeurs sont particulièrement motivés, concrets, actifs. Par contre, pour une question posée, la plupart des élèves attendent d'un enseignant une explication rapide, claire et précise. Surtout à un mois du bac ! Or il est proposé recherche active et conjointe de la réponse… Ce qui provoque certainement des réactions du genre "S'il ne répond pas aux questions, il ne sert à rien" ou même "S'il ne répond pas directement, c'est qu'il ne connaît pas la réponse". Ce qui est assurément souvent le cas !

Il n'est bien sûr pas question pour moi de refaire les cours. Quoique. Répétiteur serait le mot le plus juste. Donc, assis à une table, dans une des petites salles du CDI, entouré souvent de trois élèves et plus, j'incite ceux-ci à rechercher activement avec moi la solution à leur question (Cours ou problème) à l'aide des livres et bien sûr avec des tâtonnements. Certains élèves doivent se dire "Il n'est pas doué, ce prof, il fait des erreurs !" Mais cela fait partie de ma présentation, de ne pas être celui qui sait tout, la ressource infaillible, mais un chercheur qui fouille à gauche et à droite avec pour objectif de trouver et de montrer qu'en cherchant activement et avec persévérance, on finit toujours par trouver. C'est bon pour le moral et cela crée cette confiance en soi qui manque tant aux élèves pour réussir.

Ainsi mon message courant, c'est "Ouvrez vos livres". Malgré certaines réticences du genre, "Pourquoi étudier dans le livre, alors que j'ai mon cours", souvent les élèves "découvrent" leurs manuels et les magnifiques schémas qu'on y trouve. Or nous disposons en France des manuels scolaires de loin les meilleurs du monde. Les livres de mathématiques de TS, de physique-chimie de nos éditeurs français sont de véritables chefs-d'oeuvre très agréables à feuilleter, à découvrir, à étudier. Et les élèves les utilisent peu pour étudier, mais seulement pour les énoncés des problèmes à faire en devoirs. C'est dommage ! Et le CDI est particulièrement bien achalandé, en manuels, en dictionnaires, etc. En fait, les élèves viennent en classe avec un classeur, c'est tout. Ils n'apportent pas leurs manuels que les professeurs pourraient mettre à profit dans leurs enseignements.

L'intérêt d'un travail soigné et précis. Avec les élèves, nous faisons usage sans modération de feuilles de brouillon pour les recherches tous azimuts. "Représentez la situation à l'aide d'un schéma et la solution vous apparaîtra". Et de papiers millimétrés. Cher, 10 feuilles pour 6,60 euros, mais les photocopies d'excellente qualité ne coûtent pas un sou. En maths, en physique, les élèves découvrent qu'un crayon bien taillé, du papier millimétré permettent des solutions graphiques tout à fait satisfaisantes qui évitent souvent des calculs longs, laborieux, générateurs d'erreurs (Vecteurs en TS). Toutes les semaines, à mes frais, distribution de dizaines de double-décimètre, de crayons, d'équerres, de compas, de rapporteurs, de feuilles millimétrés, etc. Surtout au collège où les élèves n'ont souvent que des bouts de crayon et des morceaux de règle.

L'usage immodéré des ordinateurs et d'internet pour apprendre est une erreur dont il faudra revenir bien vite. Voir le livre "Digitale Demenz" de Manfred Spitzer. Les élèves ne savent pas utiliser un dictionnaire, deviennent incapables de chercher-trouver dans les ressources du CDI. Beaucoup d'élèves ne réfléchissent plus, deviennent hyperdépendants d'internet, superficiels en tout. Pensez aux mathématiques modernes (Théorie des ensembles) qu'on nous avait imposés à une certaine époque et dont on est revenu après des dégâts irrémédiables dans la tête de millions d'élèves. Statistiques en Allemagne ! Entre l'ordinateur, la télé, les jeux vidéo, les ados passent plus de 7 heures par jour devant un écran. Sans parler des téléphones portables, des smartphones, des tablettes. Il y a vraiment du souci à se faire !

Les élèves en difficulté ne viennent pas spontanément demander de l'aide (Gêne, paresse, insouciance, etc). Il faut aller à leur rencontre, souvent sans succès. "Encore un "prof" le soir, et j'en ai déjà vu défiler 4 ou 5 aujourd'hui". Il faudrait peut-être les pousser un peu ! "Les filles ont plus matures que les garçons" me disait une élève. C'est vrai que les garçons se font prier alors que les jeunes filles viennent assez facilement me voir.

Les élèves croient savoir leur cours, mais quelques questions précises les obligent à vite reprendre le cahier de cours. L'étude est trop souvent superficielle. On apprend uniquement, forcé, pour la prochaine interrogation, pour le bac. Après, on oublie vite. Les internes ont pourtant la possibilité de s'interroger entre eux, d'approfondir leurs connaissances, de vérifier leur niveau. Le travail en groupes est toujours fructueux.

Les élèves font leurs devoirs d'anglais, d'allemand, d'espagnol sans dictionnaire sur la table ! Une fois même, une élève me demande de corriger sa rédaction d'anglais imprimée. Pas une seule faute ! "Vous avez fait un copier-coller, non?" Pas de réponse = assentiment ! Et rien n'interdit aux internes de se parler entre eux en anglais, en allemand, etc. Souvent les élèves essaient de rédiger leur rédaction directement en anglais ou en allemand ou en espagnol et bien sûr le travail n'avance pas. D'abord en français SVP, ensuite le dictionnaire et la traduction !

Conclusion : Jusqu'à présent, mon statut était d'être "à disposition". L'organisation de rendez-vous permettrait une meilleure gestion, surtout si j'étais prévenu un jour avant par e-mail. Possibilité pour moi de préparer mes interventions, surtout en maths en TS. Il faut dire que les élèves sont surtout demandeurs en mathématiques. En physique-chimie également. Un peu en français, en histoire, en SVT, en langues étrangères. Remarquons que la culture générale des élèves laisse beaucoup à désirer. La montagne est à l'écart des grands centres culturels. Comment y remédier?

Quant aux externes motivés en difficulté qui n'ont pas les moyens de s'offrir des cours particuliers payants, pourrait-on envisager de les inviter également ? Le mardi et le jeudi, dans la journée au CDI il y a toujours des élèves sans cours. Il y a beaucoup de "bon boulot" à faire dans le cadre d'une éducation fructueuse. Et tant que je reste opérationnel, désireux de porter témoignage…

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