Pour préparer un bac tout/rien, de nombreux élèves donnent peu d’importance aux matières choisies. Ce qui compte, c’est la note finale. Ils sont obsédés par cette note finale. Tous les moyens sont bons pour réussir le passage. On fait de savants calculs de coefficients dans n’importe quelle matière. Il faut tout faire pour ne pas être recalé. Trop de ceux qui réussissent le bac ont en réalité réussi à vaincre le système... sans plus. Dans les écoles qui préparent ce type de bac, il est normal que l’obsession du redoublement accompagne les élèves tout au long de la scolarité. Les notes qu’ils obtiennent aux interrogations les obsèdent sans cesse. Et ils en perdent d’ailleurs tout intérêt pour la matière elle-même. Un système démotivateur ! Comme ce sont les propres professeurs qui délivrent les notes, inévitablement cela conduit à des confrontations entre professeurs et élèves, ou du moins à une dégradation de l’atmosphère en classe. Ou alors, pour éviter tout problème, le professeur note comme on dit « largement ». Et l’illusion persiste pour l’élève concernant son véritable niveau. C’est vraiment regrettable. Le système de bac tout/rien actuel est assurément responsable de l’échec scolaire et des échecs qui s’ensuivent à l’université. En Grande-Bretagne, dans les comprehensive schools où les examens terminaux sont à unités capitalisables, il serait toutefois exagéré de dire que tout fonctionne parfaitement. Sous le même toit, tant de compétences, tant de niveaux de développement cognitif différents, cela ne va pas sans problèmes. Deux stratégies sont mises en œuvre : 1. Répartition des élèves A un âge donné, les élèves du secondaire sont répartis en groupes pour l’étude de certaines matières comme les mathématiques ou les langues étrangères. Il est possible qu’un élève se retrouve dans un groupe fort en maths et moins bon en allemand. En histoire et en sciences intégrées, les groupes sont des mélanges des groupes précédents. Il n’y a pas de classes comme en Allemagne ou en France. Il est essentiel de rappeler que les élèves travaillent avec des fiches. Ici, le cours magistral et l’enseignement frontal n’ont plus qu’un faible intérêt historique. « Admis » ou « N’est pas admis dans la classe supérieure » sont des expressions totalement inconnues des enfants. Dans un collège français, une classe est constituée par des enfants qui ont choisi un ensemble de matières. Ce n’est un secret pour personne que cette façon de faire induit le système des filières tant décriées et pourtant bien en place. Les filières d’excellence, les filières pour les moins bons et les filières dans lesquelles on gare les gosses en difficulté et qui ne mènent à rien. 2. Stratégies d’enseignement variées Resource based learning, enseignement individualisé, apprentissage au rythme propre, évaluation formative, méthodes actives, groupes de travail, etc. L’Ecosse, où 97% des jeunes fréquentent les « comprehensive schools », obtient des résultats significatifs. L’université britannique est reconnue comme efficace, elle est appréciée par les étudiants et elle produit de bons résultats. Son matériau de base provient en droite ligne... des écoles. Grâce à l’école, le jeune Britannique considère ses capacités dans chaque matière avec clairvoyance et responsabilité. C’est en conscience qu’il se décide pour l’université ou l’emploi de son choix. Si nous reconnaissons à l’école la fonction de reproduire les différences de classe de la société, alors le modèle que nous offrons ici doit être absolument rejeté. Si, tout au contraire, nous souhaitons que les élèves aient une attitude positive envers l’école, que la société elle-même s’ouvre à « a life long learning » et aux écoles de la deuxième chance, alors il nous faut mettre aux oubliettes les expressions « admis dans la classe supérieure » et « doit redoubler » et penser sérieusement à adopter un système éducatif qui mène nos enfants et petits-enfants vers le plus grand succès dont chacun est capable. |
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