Et que fait le professeur pendant ce temps ? Bien dirigés et conseillés, les élèves sont capables de travailler seuls ou en petits groupes sans y être contraints. Le professeur est bien entendu toujours présent pour aider individuellement ceux qui ne s’en sortent pas. Ainsi, les élèves entrent dans la classe, s’installent et reprennent leur travail au point où ils l’avaient laissé à la leçon précédente. Le professeur ne prend la parole que pour initier les élèves à l’étude d'un nouveau chapitre ou pour conclure. Il tente le moins souvent possible de capter l’attention de tous les élèves, parce que c’est chose impossible ! Il s’occupe systématiquement de chaque élève en difficulté ou de chaque petit groupe en s’asseyant à leur table et, montrant l’exemple, répond sur son propre cahier aux mêmes questions que les élèves. « Faites comme je fais ». Son cahier fait d’ailleurs l’objet de nombreuses consultations. Les élèves y trouvent des modèles à suivre et des manières de présenter telle ou telle chose. Trop facile de toujours dire « Faites comme je dis » ! Et sans cesse, le professeur recherche de nouvelles sources d'information qui peuvent convenir pour faire comprendre tel ou tel concept, prépare des expériences et des exercices adaptés aux différents niveaux.

Des fiches de travail soigneusement élaborées ! Tous les élèves suivent les fiches de travail portant sur les connaissances élémentaires relatives à un thème donné. En Grande-Bretagne, on trouve entre autres des fiches pour l'enseignement scientifique à niveaux gradués. Les élèves les plus faibles travaillent sur des fiches appropriées où tout est mis en oeuvre pour qu’ils puissent atteindre un niveau minimum acceptable. Les élèves moyens reçoivent les fiches réservées au plus grand nombre. Et les élèves les plus forts se voient confier des fiches proposant des connaissances plus approfondies et des exercices plus élaborés. Des tests de connaissance et des exercices pratiques sont proposés sur chaque fiche, et chaque élève peut ainsi s’auto-évaluer en toute conscience à l’abri du regard des autres. 10 points pour les exercices fondamentaux, 10 points pour des exercices plus élaborés, 10 points pour les « questions pour un champion ». Il ne lui vient pas à l’esprit de tricher ! Le droit à l’erreur, c’est fondamental ! Pouvoir se corriger soi-même, c’est la prise de conscience d'un être qui devient responsable ! Rappelons qu’en Grande-Bretagne le redoublement n’existe pas, l’échec non plus. Le professeur décide du niveau des fiches à attribuer à chaque élève, selon les capacités que celui-ci a montrées en remplissant la fiche élémentaire.

Des objectifs pour une éducation réussie ! Il est évident que le professeur engage sa responsabilité en proposant à l’élève tel ou tel cheminement. Dans un système souple, son rôle n’est plus d'amener tous les élèves au même niveau, car c'est du domaine de l’impossible, mais de proposer à chaque élève une étude personnalisée en fonction de ses capacités. « Il y a autant de stratégies d’apprentissage qu'il y a d’individus sur la planète ». Le but n’est plus de brimer, d’isoler, d’écraser et de condamner les élèves les plus faibles pour les éliminer au plus tôt par voie de redoublement ou de renvoi ! Tout est mis en oeuvre, au contraire, pour que ces élèves rejoignent le plus rapidement possible le niveau moyen. Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des élèves faibles se prendre au jeu et réussir très bien à des niveaux qui ne semblaient pas leur convenir au départ. La psychologie du défi ! L’effet Pygmalion ! L’élève qui réussit parce qu’on lui fait confiance ! Un coup de pouce de la part du professeur peut transformer un élève faible en un élève brillant. Et pas question par ailleurs de proposer un enseignement s’appliquant à des élèves catalogués une fois pour toutes, faibles, moyens ou forts. Il s’agit d’exploiter au mieux les possibilités de chacun, d’élever chaque enfant vers le plus grand succès dont il est capable, de faire un enseignement différencié, les élèves en difficulté bénéficiant de la plus grande attention de la part du professeur. L’expérience prouve que l’adolescent, investi de la confiance des adultes, ne déçoit pas, au contraire. Il se prend en mains et adopte une attitude positive. Lorsqu’il est actif et autonome, l’élève met son point d’honneur à poser le moins de questions possible au professeur pour montrer qu’il est capable de se débrouiller tout seul ! Il construit ses connaissances et son savoir-faire avec un intérêt évident, se prend au jeu et cherche jusqu’à ce qu’il trouve. Du moins, c’est souvent le cas. (La suite...)