Y a-t-il des limites à l’utilisation généralisée des fiches de travail ? Dans la pratique du travail individuel, les professeurs doivent faire preuve d'un sens aigu de l’organisation et d’une immense patience. En effet, les difficultés inhérentes à l’utilisation des fiches ne peuvent être purement et simplement négligées. Par souci d’honnêteté, citons quelques critiques : - Certains élèves restent souvent longtemps inactifs en attendant que leur travail soit vérifié par le professeur, et des queues peuvent même se former devant le bureau du professeur. Il faut donc prévoir des activités supplémentaires pour les plus rapides. Par ailleurs, le professeur ne peut corriger toutes les erreurs, c’est impossible. L'élève doit en être conscient et ne pas s’appuyer sans réserves sur le jugement de son professeur. Il doit acquérir année après année une grande confiance dans ses propres capacités. - Le professeur passe plus de temps à corriger les erreurs qu’à enseigner, ce qui peut à la longue s’avérer une activité peu épanouissante. Pourtant, l’élève qui repart après une explication, heureux d'avoir enfin compris, donne à son professeur une satisfaction non négligeable. Et quand il sollicite une information, il vient en demandeur intéressé et ne subit pas une explication dont il n’a que faire. Totalement différent ! - L’utilisation des fiches impose aux élèves de « suivre la flèche ». Ceux-ci n’ont donc pas la possibilité de résoudre des problèmes pratiques ou de concevoir des expériences. Les appareils et les expériences sont proposés, sans possibilité de choix. Dans ce cas, la créativité, l’imagination sont court-circuitées. Mais chaque chose en son temps! La fiche de travail pour les notions fondamentales. Le projet personnel pour laisser libre cours à l’esprit inventif. Et de fréquentes visites d’entreprises pour ouvrir les yeux aux réalités. - Puisqu’il s’adresse à de petits groupes ou même à un seul élève, le professeur est donc amené à présenter plusieurs fois la même expérience ou le même exercice. Ne serait-il pas plus intelligent de proposer une seule démonstration à tous les élèves réunis dans un grand amphithéâtre ? Insistons sans réserves sur ce point. Le professeur qui s'adresse à tout le monde ne s'adresse en fait à personne. La relation est absente, qui permet la transmission du message, et la communication est de bien mauvaise qualité. - La recherche de l'information par l’élève, grâce à des réflexions, à l’aide de livres ou d’essais expérimentaux souvent infructueux, prend beaucoup de temps. L'avancement dans le programme peut devenir trop lent. Il est donc essentiel que les fiches soient soigneusement préparées pour que l’élève sache exactement ce qu’il doit faire et ne soit pas amener à hésiter ou à s’embrouiller. C’est difficile ! Car rappelons quand même que l’apprentissage par tâtonnements est tout à fait souhaitable et qu’on ne peut pas parler de pertes de temps ou d’énergie pour l’élève qui découvre et apprend. Par contre, le manque de rigueur doit être absolument évité. - Le niveau des élèves n’est pas homogène. Ceux-ci n'avancent donc pas à la même vitesse et ne font pas le même travail en même temps. Le professeur doit donc danser entre les tables et passer sans cesse d’une question à une autre, ce qui n’est pas évident ! L'entraide élève-élève, très efficace, peut ici pallier cette insuffisance inhérente au travail individuel. Un élève doué peut encore perfectionner ses connaissances en expliquant ce qu’il a compris à un autre. - Au cours des travaux pratiques, il peut arriver que certains élèves travaillent sans surveillance, le professeur étant occupé ailleurs. Il faut donc s'en tenir à des montages simples, sans danger. (La suite...) |
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