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Robert Baehrel, professeur de physique-chimie à la retraite et inventeur de méthodes de travail innovantes, aimerait continuer "à se rendre utile" en proposant bénévolement ses services.

Amélie Lécoyer, journaliste, Le Messager, 2.9.2011

email : baehrel.robert@wanadoo.fr

Lorsque l'on rencontre Robert Baehrel, on pense à M. Keating, le professeur du célèbre film "Le cercle des poètes disparus". Non parce que cet ancien professeur de physique-chimie ressemble à Robin Williams, mais parce que, tout comme son confrère au cinéma, il applique des méthodes d'enseignement peu conventionnelles, qui lui ont valu une certaine inimitié de ses pairs.

En retraite depuis 2003, Robert Baehrel, qui habite le hameau de la Beunaz, à Saint-Paul-en-Chablais, a terminé sa carrière au lycée Anna de Noailles d'Evian, après une carrière passée presque entièrement à l'étranger (Allemagne, Autriche, Canada, Chili...) C'est ainsi qu'à l'Ecole Européenne de Munich il rencontre Jacques Delors, alors président des Commissions Européennes."Il faut absolument faire connaître vos idées en France ", se rappelle Robert Baehrel. Des idées finalement assez simples consistant à laisser un maximum d'autonomie aux élèves. «Je ne réponds pas aux questions, je mets sur la voie, explique le retraité qui fustige l'apprentissage par coeur. Et lorsque j'étais en classe, je n'étais pas au tableau mais au milieu des élèves, en train de faire la même chose qu'eux, afin de donner l'exemple. En France, personne ne fait ça...» Car Robert Baehrel est un précurseur. Après avoir élaboré avec ses élèves, en 1983, les premiers programmes de travaux pratiques de physique-chimie assistés par ordinateur, il publie, en 1992, "Changer l'école, un pari possible"(Editions de l'Harmattan). En 1997, il lance le site internet physique-chimie.fr où se trouvent ses fameuses fiches de travail destinées à inciter les élèves à apprendre par eux-mêmes.

En France, si Robert Baehrel a participé à quelques travaux de la Commission Nationale des Programmes (Les Travaux personnalisés encadrés, ou TPE, lancés en 2000), ses méthodes de travail sont généralement vues d'un mauvais oeil. Par les parents d'élèves "consommateurs d'école" qui considèrent que la méthode met en péril le succès dans les classes préparatoires qui suivent la Terminale S. "Vous ne répondez pas aux questions, alors vous ne servez à rien". Par les élèves pas du tout habitués à l'autonomie. Par les collègues pour qui toute innovation à l'Education nationale est suspecte. Par les inspecteurs qui n'aiment pas les idées qui ne viennent pas d'eux.

Après avoir passé ses premières années de retraité à s'occuper de ses petits-enfants (A Nice et en Australie) et à construire une maison, Robert Baehrel aimerait aujourd'hui pouvoir « continuer à se rendre utile » en proposant, bénévolement donc, plutôt que des cours particuliers classiques un suivi avec des conseils du genre : "Ouvrez les livres, cherchez, vous trouverez, prenez-vous en mains, ne comptez pas trop sur les autres, visez l'autonomie". « J'ai frappé à bien des portes, confie-t-il. Les collèges, les lycées, l'hôpital pour le suivi d'adolescents malades... » Souvent en vain. « Une fois que vous êtes à la retraite, on n'a plus besoin de vous... », regrette le San-Poulan. Mais il y a un autre problème : la gratuité de ses cours. « Comme c'est gratuit, les parents ont l'impression que ça ne vaut rien. Avec des cours payants, ils estiment qu'il y a une obligation de résultats. » Aujourd'hui, Robert Baehrel anime des ateliers scientifiques à la MJC d'Evian et au Foyer Culturel de Sciez. En attendant de retrouver des élèves qui auront besoin de lui...

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